Le caractère et la présence de Toprak Razgatlioglu (ROKiT BMW Motorrad WorldSBK Team) dans le paddock sont sans appel. Toujours souriant, le Turc cache pourtant une détermination implacable : une fois les feux éteints, « El Turco » prouve manche après manche qu’il est l’un des pilotes les plus redoutables de l’histoire du Championnat du Monde MOTUL FIM Superbike. À l’occasion d’une entrevue spéciale, le double Champion du Monde évoque son futur passage en MotoGP, son rebond après un début de saison compliqué et Magny-Cours, l’un de ses circuits préférés, mais aussi celui où il doit effacer le souvenir d’une grosse chute qui l’avait écarté des circuits l’an passé.

LE DERNIER CHAPITRE : « Mon rêve est de gagner encore ce Championnat avant de partir en MotoGP… le paddock WorldSBK est comme ma maison »

Pour sa huitième saison en WorldSBK, le Turc s’est hissé dans les classements des annales de la catégorie, occupant désormais la deuxième place au nombre de victoires, podiums et meilleurs tours. Après l’annonce de son départ en MotoGP en 2026, « El Turco » vise un troisième titre avant de tourner la page, mais il doit résister à Nicolo Bulega (Aruba.it Racing – Ducati). Un sacre lui permettrait d’égaler Troy Bayliss et de se placer à une longueur de Carl Fogarty et à trois de Jonathan Rea (Pata Maxus Yamaha). « Mon rêve est de gagner encore ce Championnat avant de partir en MotoGP, explique-t-il. Ce ne sera pas facile, nous avons dû revenir de loin, mais je vais continuer à me battre course après course. Si je peux continuer à gagner, le titre est possible, mais je ne me focalise pas là-dessus. Je veux avant tout profiter des courses. »

Concernant son avenir, le Turc d’ajouter : « J’ai maintenant un nouveau rêve. Je vais rejoindre le paddock MotoGP, et j’espère y connaître également le succès, monter sur le podium et remporter le titre. Je suis conscient que cela ne sera pas facile, mais j’ai de grands rêves et j’apprécie toujours ce paddock. Le paddock WorldSBK est comme ma maison, en termes de carrière, c’est comme si j’étais né ici. Nous verrons bien, peut-être qu’un jour je devrai revenir ici.

UN DÉBUT DE SAISON DIFFICILE : « Je me disais toujours que ce n’était pas ma moto »

Après une première saison 2024 exceptionnelle avec BMW, marquée par un titre et de nombreux records, l’optimisme était de mise avec la nouvelle machine de la marque germanique qui visait à nouveau le titre des constructeurs et pilotes. Mais l’ouverture de la saison à Phillip Island a tourné au cauchemar : deuxième en Superpole et en Course 1, Razgatlioglu a ensuite connu un problème de freins dans la Course Superpole qui l’a fait dégringolé jusqu’au 13e rang, en cherchant à éviter ses adversaires. Il a ensuite abandonné dans la Course 2, encore en raison d’un souci technique. « On n’a pas bien commencé, se souvient-il. À Phillip Island, j’ai eu des soucis techniques. En Course Superpole, j’ai failli chuter, car je n’avais pas de frein, je suis parti large et j’ai eu de la chance de ne pas percuter d’autres pilotes. En Course 2, encore un problème technique et abandon. Je me répétais que ce n’était pas la même moto que l’an dernier. La saison 2024 a été remarquable pour moi : première année avec BMW, titre, de nombreux records battus et une moto performante. Mais lorsque nous avons entamé la saison 2025, la moto ne semblait plus aussi performante que l’année précédente. J’y pensais constamment, mais j’ai réalisé que lorsque je me concentrais uniquement sur mon travail et que j’oubliais l’année précédente, je recommençais à remporter des courses. »

MAGNY-COURS : « Mon circuit préféré, j’y ai gagné ma première course »

Le tracé nivernais occupe une place particulière dans le cœur de Toprak : premier succès en Superstock 600 en 2014, puis ses deux premières victoires WorldSBK, depuis la 16e place sur la grille. Ainsi, avec actuellement 26 points d’avance sur Bulega, Magny-Cours offre à « El Turco » une formidable opportunité de consolider davantage son leadership, tout en roulant avec prudence afin d’éviter de chuter comme la saison dernière lors de la FP2. Cet accident l’avait contraint à manquer l’épreuve française et celle de Crémone qui avait suivi. « Magny-Cours est mon circuit préféré, confie-t-il. Ma première course le paddock du WorldSBK, c’était ici en 2014, et j’ai gagné. Je ne connaissais pas le circuit, je l’ai appris au fur et à mesure et j’ai gagné, c’était incroyable. L’an dernier, j’ai chuté, une grosse chute qui m’a empêché de courir. Je suis un peu nerveux. Peut-être qu’à ce virage je n’attaquerai pas à 100 %, mais j’aime toujours ce circuit. »

LE RESPECT DES RIVAUX : « Bulega a beaucoup progressé »

Après Phillip Island, Toprak a pris sa revanche avec un triplé à Portimao. Bulega, lui, a riposté avec un triplé à Crémone et a repris provisoirement la tête du Championnat. Si le Turc est repassé devant, il reste admiratif : « L’équipe travaille dur, nous sommes revenus en tête, mais je ne pense pas trop au Championnat. Bulega a beaucoup progressé, il connaît mieux le potentiel de sa moto. Il roule plus calmement, son rythme est meilleur, il gère mieux ses pneus. Chaque week-end, il est très fort. Si l’on ne se battait pas ensemble, il roulerait seul. Si l’on continue ainsi, tout se jouera à Jerez, mais c’est le sport : un problème technique, une chute, tout peut arriver. »

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