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Bayliss parle de son fils, de son passage en WorldSBK en 2000 et de ses plus belles bagarres

Thursday, 4 March 2021 14:24 GMT

Troy Bayliss est peut-être triple Champion du Monde, mais il a bien cru un jour que sa carrière en WorldSBK était terminée lorsqu’il a remplacé Carl Fogarty en 2000.

De nombreux pilotes ont clairement contribué à écrire l’histoire du Championnat MOTUL FIM World Superbike. Pourtant, lors de notre rencontre avec Troy Bayliss, titré à trois reprises, celui-ci nous a confié avoir cru qu’il ne courrait plus jamais en WorldSBK après un premier Round désastreux en tant que remplaçant de Carl Fogarty en 2000. Et nous aurions très bien pu manquer cette carrière exceptionnelle.
 
« Mon arrivée au WorldSBK en 2000 a été un peu surprenante, mais mon objectif initial était d’y parvenir, avoue Bayliss. Quand Carl a eu son accident, je roulais fort après avoir gagné le titre de Champion de Grande-Bretagne en 1999 et être parti aux États-Unis pour intégrer les rangs de Vance et Hines Ducati en 2000. Je pensais qu’il me faudrait encore un an, voire deux, avant de rejoindre le WorldSBK. La première course s’est tenue à Sugo et j’ai vécu un moment catastrophique en chutant dans les deux courses. Je me suis dit que je n’aurais plus jamais l’occasion de rouler et qu’après avoir chuté deux fois, je ne retournerais jamais en WorldSBK. Mais je suis revenu et j’ai fait une bonne course à Monza ; après cela, le marché était conclu et je n’allais nulle part ailleurs : je suis resté mondial. »
 
Parmi les plus belles passes d’armes, il y a bien sûr celles avec Colin Edwards, son plus grand rival : « Beaucoup de duels avec Colin Edwards comprenaient beaucoup de manœuvres que nous tentions l’un sur l’autre pour essayer de prendre le dessus, mais la plupart du temps, cela se terminait dans les deux derniers tours. La Course 1 à Monza en 2001 fut un moment fort. Après de nombreux podiums au début de l’année, le fait de gagner, à Monza, était formidable. Je suis assez connu pour les bagarres que j’ai menées avec Colin, mais je me suis aussi battu avec d’autres gars comme Frankie Chili, Noriyuki Haga, Yukio Kagayama, Troy Corser, Neil Hodgson et James Toseland. J’ai passé de très bons moments en WorldSBK ... et quels bons moments ! »
 
En 2007, face à Toseland, la rivalité entre les deux hommes s’est avérée titanesque : « Il y a eu des tas de batailles avec James Toseland, surtout en 2007. J’étais sur la Ducati 999 et nous avions réussi à empocher le titre en 2006, mais en 2007, les motos japonaises sont devenues plus rapides et la 999 était en retrait. Je repoussais sans cesse les limites, parfois même au-delà, comme lorsque j’ai chuté à Donington Park. James a ensuite enchaîné les victoires, et ça m’énervait qu’il gagne autant ! Haga était comme un chien avec son os et passait la plupart du temps collé à ma roue arrière. Max Biaggi a toujours été assez fort, surtout en 2008, quand nous étions tous les deux chez Ducati, nous avons donc livré de bonnes batailles à ce moment-là aussi. »
 
Figure emblématique sur la piste comme en dehors, Bayliss a aussi aimé la passion des fans : « Mes endroits préférés pour gagner étaient l’Australie, la Grande-Bretagne et l’Italie. Les trois plus beaux circuits où l’on pouvait entendre la foule étaient Brands Hatch où on les entendait littéralement au-delà du bruit du moteur. Il y avait aussi Monza et Imola ; c’étaient les lieux les plus intenses. Il y avait quelque chose à Imola et Monza qui ressemblait à une promenade dans un parc, si différente des autres endroits. L’atmosphère y était complètement folle et il est très difficile d’expliquer à quel point c’était génial. »
 
« Je me souviens de 2001 à Imola, car le titre était déjà en poche et ma famille était venue en force. Notre moto portait les couleurs de Paul Smart, qui avait gagné les 200 miles d’Imola. J’ai chuté lourdement lors de la Course 1 avec Régis Laconi et c’était la fin de mon week-end ! »
 
« En 2002 à Imola, j’ai terminé deuxième derrière Colin, mais les gens n’oublieront jamais cette course, elle est entrée dans les annales. Ce fut un grand week-end pour le Championnat et un superbe spectacle pour les fans. Je pense que Ducati a été plus déçu que moi parce que je n’ai pas gagné le titre. Je savais qu’Imola allait être difficile, car la Honda y avait déjà fait des essais et était rapide d’emblée. Il y avait des moments où j’essayais de ralentir chacune des courses, mais ensuite Colin passait et accélérait à nouveau le rythme. Dans le dernier tour de la Course 2, j’ai eu une belle frayeur et je savais que ce serait vraiment compliqué et que c’était presque dans la poche de Colin. » 
 
Bayliss a mis fin à sa carrière à l’âge de 39 ans, mais il est toujours difficile de tout stopper du jour au lendemain : « Fin 2008, j’étais heureux de partir, même si cela a été difficile. Je pensais que cela me convenait tout à fait de faire les choses comme ça : gagner et arrêter. En gros, c’était la première fois que nous revenions à la maison depuis 1998 et ce fut un tel choc culturel de revenir et d’essayer de reprendre une vie d’avant. »
 
« Gagner et la course me manquaient, mais à 39 ans, je sentais encore que je pouvais continuer, mais j’en avais assez. Pour la famille aussi, Mitchell, l’aîné, avait 14 ans à l’époque et Abbey en avait 12. Nous avons donc pensé qu’ils en avaient assez de me suivre et qu’il était temps de les ramener à la maison et de leur offrir une vie un peu plus normale. »
 
Mais, le nom de Bayliss résonne toujours dans le paddock puisque son fils Oli pourrait bien être la prochaine star australienne : « Oli a commencé vers 11 ou 12 ans et il avait déjà fait un peu rouler avant que nous participions au championnat national. Quand je lui ai mis le pied à l’étrier, j’ai acheté une Metrakit et il roulait sur une piste de karting. Nous sommes ensuite allés sur un circuit pour la première course de la catégorie à laquelle nous participions et il pleuvait. J’ai dit à ma femme, Kim, que nous devrions regarder depuis une passerelle, mais Oli, qui était quatrième ou cinquième, a chuté juste devant nous et c’était assez rapide. Kim s’est retournée vers moi et m’a dit : “tu ferais mieux de brûler cette p*** de moto”, mais elle réalise aujourd’hui que c’est ce qu’il veut faire et à présent je deviens comme elle, car je peux à peine regarder ; je suis assez nerveux comme un père normal, ce que je n’avais jamais compris auparavant. »
 
Il y a déjà des similitudes entre Oli et son père, puisque l’ancien patron et manager de Bayliss, Darryl Healey, soutient son fils : « Il y a toujours une stratège derrière un plan et quand je suis allé en Grand-Bretagne en 1998, c’était Darryl Healey, le patron de GSE Racing. Il est alors devenu mon manager et un grand ami et même maintenant, il y a un autocollant GSE sur la moto d’Oli parce qu’il soutient notre famille. Oli a passé quelques années en 600cc Supersport et a terminé deuxième du Championnat l’an dernier. Bien sûr, je me soucierai de lui en Superbike en 2021, mais il a un grand potentiel pour devenir un pilote professionnel. »
 
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