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Toseland a remporté son premier titre WorldSBK en 2004 ; ce fut sa première année dans une équipe d’usine. Il avait déjà gagné une course, enregistré des podiums et fait preuve d’une vitesse prodigieuse par moments. Pouvait-il supporter la pression et faire équipe avec un pilote confirmé pour atteindre son objectif ? Cela vous semble familier ? Ça devrait, car la carrière de Toprak Razgatlioglu a suivi un parcours très similaire. Avec un nombre de départs presque équivalent et seulement quelques jours d’écart entre leurs âges respectifs, la star turque a la possibilité de créer la surprise cette année. Peut-il égaler la performance de Toseland ? Probablement pas.

 

Toprak est l’un des plus talentueux de la grille en ce qui concerne ses compétences de pilotage, mais il est un diamant brut qui, d’une certaine manière, cherche encore à atteindre son véritable potentiel. Il doit encore se perfectionner sur le plan technique, bien que cela soit moins problématique grâce à sa collaboration avec son chef mécanicien, Phil Marron. Marron a été un acteur clé dans le développement du potentiel de Toprak. Lors de leur premier test, Marron a confié qu’il n’avait jamais vu quelqu’un d’aussi talentueux, mais qu’il y avait beaucoup de travail à accomplir. Pour Toprak, la moto n’était pas un scalpel, c’était une machette. Les deux lames font le même travail, mais donnent des résultats très différents.

 

À Phillip Island en 2019, alors qu’il officiait pour le compte Puccetti Kawasaki, la transition pour Toprak a débuté en essayant de le rendre plus fluide. Cela ne semblait ni naturel ni rapide, mais peu à peu, il s’est fait à l’idée de ce que lui disait son ingénieur. Les meilleurs du monde ne pilotent pas une moto comme un cheval sauvage. La fluidité est synonyme de rapidité en WorldSBK. Quand le WorldSBK a fait son retour en Europe, Razgatlioglu était déjà prêt à faire un pas en avant. À Imola, il a décroché un premier podium et il est dès lors devenu un habitué du Top 3. Le fait d’être au coude à coude avec Jonathan Rea ne l’a pas découragé après quelques passes d’armes et à Magny-Cours, il a remporté sa première victoire après un long duel avec le Nord-Irlandais.

 

Protégé de Kenan Sofuoglu depuis son plus jeune âge, Razgatlioglu doit absolument améliorer certains aspects. Chez Puccetti, il a pu mener une vie tranquille avec l’équipe qui l’entourait. Ce ne sera pas le cas chez Pata Yamaha cette année, mais compte tenu de son premier succès en Australie, il est clair qu’il s’est bien adapté à la structure britannique.

 

Ses relations avec son coéquipier Michael van der Mark sont très détendues et il règne une bonne ambiance dans le box. Rejoindre l’équipe qui a terminé troisième et quatrième du WorldSBK l’année dernière fait peser une pression sur les épaules de Toprak, mais il semble être à même de la supporter. En Australie, il est reparti avec deux podiums, mais que se passera-t-il lorsque le Néerlandais empochera des victoires ? Ce sera une dynamique intéressante, car en STK600, en STK1000 comme en WorldSBK, il n’a jamais connu cela.

 

Toprak peut-il décrocher le titre et devenir le plus jeune à accomplir un tel exploit ? C’est peu probable. Les Yamaha seront au rendez-vous partout et gagneront des courses, mais les Ducati et Kawasaki sont plus fortes. Le Kawasaki Racing Team et Aruba.it Racing - Ducati ne laissent rien au hasard si bien que pour Yamaha, il sera presque impossible de les battre tout au long de l’année. 

 

Razgatlioglu peut surmonter beaucoup de choses sur une moto. Son talent naturel est désormais associé à une éthique de travail intelligente, mais face à la puissance des poids lourds du WorldSBK, ce sera un énorme défi de bouleverser la hiérarchie. S’il y parvient, ce sera la meilleure saison que nous ayons jamais vue auparavant dans l’histoire du WorldSBK.

 

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