News

Scott Redding, en profondeur (1/2) : « J’avais 25 ans et je pensais en avoir terminé avec ce sport »

Wednesday, 15 January 2020 09:44 GMT

Dans cette première partie, le rookie du WorldSBK revient sur sa carrière, l’argent, une quasi retraite et sa renaissance en 2019.

Lorsque Scott Redding a remporté sa première course en Championnat du Monde, il n’avait pas encore l’âge de rouler au guidon d’un cyclomoteur en Grande-Bretagne. Depuis sa célèbre victoire à Donington Park en 125cc, Redding a atteint les sommets que seuls les pilotes rêvent d’atteindre. 
 
Quelques minutes qui ont suivi le coucher du soleil en novembre dernier aux essais de Jerez et avant de prendre la direction de la Californie pour les vacances, le Britannique, nouvelle recrue de Ducati pour 2020, se livre au sujet de ses dernières saisons, des hauts et des bas et de son retour aux avant-postes. Voici Scott Redding, selon ses propres mots. 
 
Qui est Scott Redding ? C’est une bonne question... Scott Redding est un gamin de Gloucester avec du talent et du dévouement. Sans ego, il veut s’amuser et profiter de la vie tout en essayant de réussir dans la course... Et je n’en ai rien à fiche. C’est moi !
 
L’année dernière [2018], ma carrière était plus ou moins terminée. J’en avais fini, je ne voulais plus courir. J’avais 25 ans et je me disais : « J’en ai fini avec ce sport ». Cela ne me procurait rien dans ma vie, je ne me sentais pas comblé et je ne sentais pas que je réussissais. Je voulais essayer de faire autre chose, c’était ma vision.
 
Le burnout est une bonne façon de tirer les choses au clair, car il n’y avait pas de lumière au bout du tunnel. Il n’y avait pas d’avenir. Je souffrais, je détestais vraiment ça. Et ça m’a épuisé. Je venais de me battre pour le titre mondial en Moto2™, que j’avais manqué en raison d’une blessure. Cela m’a fait assez mal, mais j’avais un nouveau défi à relever : rejoindre le MotoGP™ et essayer d’être Champion du Monde était mon objectif, c’est ce que je croyais être en mesure de faire. Mais je me suis trouvé au mauvais endroit, au mauvais moment. Partout où je suis allé, ce n’était pas le bon moment.
 
Aprilia a été comme le dernier coup de couteau. Une équipe d’usine et la moto de l’année précédente n’était pas trop mal... Mais c’était la même chose. Quand je suis allé là-bas, ils ont changé la moto ou ils ont changé certaines règles ou autre, et soudain la machine ne fonctionnait plus. Ça m’a épuisé de savoir qu’il y avait quelque chose qui aurait pu être mieux, mais je n’y arrivais pas.
 
Il y a tellement de pression en MotoGP™, des millions de personnes dans le monde entier te regardent. Pour moi, finir 15e, 16e, 17e est humiliant. Certains diront qu’ils sont satisfaits de ces résultats, car ils sont en MotoGP™... Ce n’est pas moi.
 
Après ça, j’en avais marre. Mais ensuite je me suis dit : « en fait, tentons ». Je vais essayer de disposer d’une bonne moto, dans une bonne équipe. Parce que je sais que je suis un bon pilote, et je sais qu’il y a plus de potentiel que ce que j’ai montré. 
 
Quand j’ai décidé de continuer à courir, j’ai dit à mon manager : « Trouve-moi une moto et une équipe qui puissent gagner ». Je m’en fiche si c’est du quad, du ski, du jet-ski, du tracteur... Donne-moi juste quelque chose pour que je puisse montrer aux gens !
 
J’ai fini par rejoindre le British Superbike et ça m’a redonné un coup de fouet, sur le plan émotionnel. J’ai retrouvé la rage de triompher à nouveau.
 
Je n’y suis pas allé en pensant que je devais finir parmi les cinq premiers. J’avais besoin de gagner. Beaucoup de gens se sont dit : « Bon, c’est fini, Scott est fini, il ne va pas y arriver sur ces circuits, il ne va pas le faire »... Je suis toujours ce gamin de Gloucester. Si j’ai besoin de courir, je ferai du mieux que je peux.
 
Ce fut la première fois de ma carrière que quelque chose se passait comme prévu. C’était un feeling incroyable qui m’a incité à rejoindre le World Superbike pour essayer d’y accomplir la même chose.
 
Maintenant, je vois que ma carrière à de l’avenir. Et les expériences que j’ai vécues par le passé, même les moments difficiles, vont me donner de la force dans ce paddock.
 
Pour moi, courir en moto, ce n’est pas amusant. Risquer sa vie n’est pas amusant. Je me fiche de ce que les gens disent. Faire un petit tour sur une piste un jour — c’est charmant ! Risquer la limite à chaque virage n’est pas amusant et je pense que tous les autres gars ici vous diraient la même chose. Si je ne décroche pas de résultats, ça ne vaut pas vraiment la peine de prendre ce risque.
 
Je n’ai pas grandi avec l’argent. Je n’ai pas d’argent — si je veux prendre ma retraite, je ne suis pas multimillionnaire. Je fais cela pour gagner de l’argent et pour m’épanouir dans ce sport. J’ai toujours dit que je n’ai pas d’argent à mettre dans une équipe. Nous n’en avons pas, fin de l’histoire. Si je ne peux pas obtenir un guidon gratuitement, je ne peux courir, c’est tout !
 
C’est ce qui s’est passé en 2009. J’ai eu une très mauvaise saison ; la moto est tombée en panne 24 fois. J’étais rapide, mais sans résultats — et ça m’a fatigué, j’étais lessivé. Les équipes demandaient alors 200.000 €, 180.000 € — je n’avais même pas 18.000 € ! 
 
Et puis Michael Barthelemy, du team Marc VDS Racing, m’a pris sous son aile. Il a sauvé ma carrière, il n’y a aucun doute là-dessus.
 
Je n’ai pas travaillé aussi dur toute ma vie pour ensuite devoir payer. Le problème, c’est qu’il y a tellement de gens qui paient maintenant. C’est comme ça. Cela a compliqué les choses pour moi, mais, au final, ceux qui réclament n’ont pas le choix.
 
La bonne chose au début, c’est que j’étais plein de talent. J’officiais au guidon de motos moyennes et je me classais à des positions qu’elles n’auraient jamais dû atteindre. Quand je roulais pour BQR, je ne pense pas qu’ils avaient déjà figuré dans le Top 10 auparavant — j’ai gagné une course pour eux ! Lors de la première course à laquelle j’ai participé, je me suis qualifié en première ligne et j’étais dans le top cinq dès le premier tour. Cela m’a aidé, je suis arrivé là où j’étais grâce au talent pur et au travail acharné. 
 
J’ai une grosse saison devant moi et je veux être prêt à 100%. Si vous voulez vous battre pour être le meilleur, vous devez être prêt pour le meilleur. Et pour moi, la meilleure personne, c’est moi-même, alors je veux essayer de me battre tous les jours. C’est tout ce que je peux faire de mon côté. J’ai une équipe derrière moi et un constructeur qui a le potentiel de nous hisser au sommet.
 
Découvrez très prochainement la deuxième partie de cette entrevue de Scott Redding dans laquelle il explique ce qui l’anime en dehors des circuits. 
 
Suivez les derniers préparatifs de la saison 2020 du WorldSBK avec le VidéoPass.