Contraint à l’abandon à Jerez, où sa chute a permis à Michael van der Mark (Pata Honda World Supersport) de remporter le Championnat du Monde Supersport 2014, Jules Cluzel (MV Agusta Reparto Corse) se sera battu aussi longtemps que possible pour se maintenir dans la lutte pour le titre.

Le Français espère maintenant finir l’année à la seconde place du classement général, qu’il jouera face à son compatriote Florian Marino, et s’est livré à WorldSBK.com pour discuter de sa saison 2014 ainsi que de son avenir avec MV Agusta.

A Jerez, tu étais le dernier pilote en lice pour le titre face à Michael van der Mark. Il y a eu une belle bagarre pour la victoire entre lui, toi et Marino. Tu finis malheureusement sur une chute. Maintenant que tu as pu prendre un peu de recul, quel bilan fais-tu de cette course ?

« Globalement ça a été une course très, très compliquée. J’ai eu pas mal de soucis en course et je suis donc d’autant plus content d’avoir pu jouer la gagne et d’avoir pu être en mesure de gêner van der Mark pour le titre. Maintenant, je n’avais qu’une chose à faire, essayer de gagner la course, ce que j’ai essayé et malheureusement, je perds l’avant dans le dernier virage. Je peux dire que oui, je suis déçu, parce que j’aurais préféré que ça passe mais c’était très compliqué. Je suis quand même content parce maintenant ce qui compte c’est l’année prochaine, j’aimerais quand même finir deuxième du championnat, mais je sais que nous serons performants et qu’il suffit juste que l’on rectifie les deux ou trois soucis qu’on a. »

Techniquement, quelles sont les difficultés que tu as eues durant ce week-end ?

« Pour les freinages, j’avais du mal à être stable sur les rétrogradages, de plus c’était irrégulier, ce qui explique ma difficulté à être constant. C’est un soucis qu’on a depuis le début de l’année. On arrive plus ou moins à le résoudre selon les circuits mais il va nous falloir un peu plus de temps pour trouver la solution. »

Te sentais-tu moins à l’aise sur ta moto que van der Mark et Marino sur les leurs ?

« C’est sûr, je perdais beaucoup de temps mais avec la vitesse que j’avais, je pense que j’aurais pu être dix secondes devant. Ça on le sait, que ce soit mon équipe ou moi. Je pense même que les gens qui suivaient à la télé ont pu voir que même quand je perdais une seconde au tour, j’arrivais à les rattraper à chaque fois. C’est vrai que ça ne fait pas tout mais maintenant je me projette sur l’avenir et c’est donc important. Je sais que la vitesse est là, que ce soit du côté de la moto ou du mien. Il faut juste que je sois plus stable sur la durée de la course mais je pense qu’on peut espérer de bonnes choses. »

La prochaine course a lieu à Magny-Cours, où tu avais gagné en Supersport en 2012. Comment abordes-tu cette course cette année ?

« Tranquille. Mon objectif, c’est de finir deuxième du championnat. A Jerez, mon objectif n’était pas du tout d’assurer ma deuxième place, c’était de gagner en espérant une erreur de la part de van der Mark. Au final ça n’a pas marché. Maintenant on change de plan, il faut finir deuxième. Je vais donc tout faire pour gagner. Je vais essayer de prendre du plaisir aussi et j’espère qu’on pourra jouer la gagne sur les deux dernières courses. »

Le titre de vice-Champion se joue entre toi et Florian Marino. A Magny-Cours, y aura-t-il un enjeu supplémentaire entre vous deux, par exemple celui d’être le premier tricolore en France ?

« Peut-être pour Marino. Il est plus jeune. Pour moi, non. Je donne le maximum pour chaque épreuve. Ce n’est pas parce qu’on sera à Magny-Cours que je donnerai plus, dans ces cas là on risque même de faire des erreurs. Je vais essayer de voir comment le week-end se passe. Essayer de bien rester concentré. Je vais essayer de prendre du plaisir et de sauver cette deuxième place. »

Vous irez ensuite au Qatar, à Losail, pour la dernière manche. C’est un circuit dont tu dois garder de très bon souvenirs puisqu’en dehors du fait que tu y aies couru six fois, tu remportes là-bas ton premier podium en Grand Prix, en 2009, puis le second en 2010. Est-ce que ce sera un moment spécial pour toi de retourner à Losail ?

« Oui. Je suis vraiment content. C’est une épreuve qui me fait vraiment plaisir parce que j’aime bien aller là-bas. C’est sûr que j’en ai aussi des bons souvenirs. C’est une piste qui est sympa, rapide, large, une vraie piste de Grand Prix. De nuit c’est d’autant plus spécial. Ça ne change pas grand chose mais c’est différent, les images, la luminosité, arriver au paddock en fin de journée… Je trouve ça fun et je suis content d’y aller. Ce sera en plus la dernière épreuve. Je pense que notre moto sera performante là-bas et j’ai hâte d’y être. »

Est-ce que tu penses avoir un avantage sur tes adversaires qui n’ont pas couru là-bas ?

« C’est possible, oui. Je pense que ça ne fera pas de mal d’y avoir roulé il n’y a pas si longtemps que ça. Maintenant ça remonte à 2011 mais c’est une piste que je connais. Après, je pense que mes concurrents sont des pilotes qui s’adaptent vite et ce n’est pas une piste qui est compliquée à apprendre. Donc je pense qu’ils pourront quand même me donner du fil à retordre. »

Pour revenir sur ta saison, quelle évaluation fais-tu de ton travail avec MV Agusta cette année et est-ce que vous avez réussi à développer la moto d’une manière qui te soit satisfaisante ?

« J’aurais vraiment aimé pouvoir jouer le titre jusqu’au bout. Ça n’a pas été possible cette année mais j’espère que ça le sera l’année prochaine. Nous discutons en ce moment afin de définir un planning de développement qui corresponde à notre ambition commune, être Champion du Monde en 2015. Mais je suis content, c’est une superbe relation qu’on a commencée ensemble et je suis vraiment heureux de faire partie de cette famille, on sent vraiment que c’est une famille. Je suis très content de notre relation. La moto est une machine vraiment bien née, une vraie moto de course. On rencontre quelques difficultés mais j’ai décidé de continuer l’aventure avec eux parce que j’y crois et qu’il y a un gros potentiel. Cette année, je pense qu’on n’a montré qu’une partie de ce qu’on pouvait faire. »

Est-ce que tu continues avec MV Agusta l’an prochain ?

« C’est prévu. Maintenant, je ne sais pas encore exactement dans quelle catégorie, ça dépend un peu des discussions techniques que nous avons en ce moment, mais mon coeur se tourne quand même vers le Supersport. »

Y a-t-il aussi une possibilité de courir en Superbike avec eux ?

« Oui. Je peux encore prendre cette décision mais comme je l’ai dit, je me tourne plutôt vers le Supersport. »

Que ce soit l’une ou l’autre catégorie, tu continues en tout cas avec eux pour l’an prochain ?

« Oui, je continue avec MV Agusta en 2015. »