Il n’y a rien de tel que le transfert d’un pilote pour faire parler de lui dans un paddock, en particulier dans celui du Championnat MOTUL FIM Superbike World. Le transfert de Toprak Razgatlioglu (Pata Yamaha Prometeon WorldSBK) chez BMW a certainement fait réagir tout le monde et suscité l’intérêt du constructeur allemand. BMW a brandi le carnet de chèques pour faire signer Toprak, mais il doit maintenant le faire fructifier pour s’assurer que la superstar turque obtienne ce qu’elle veut.

 

DEUX SCÉNARIOS : L’un pourrait être parfait, l’autre préoccupant

 

Ce qu’il veut, c’est que la BMW M 1000 RR soit compétitive. La moto a besoin d’être perfectionnée, mais le fait d’avoir un maître à penser à la tête d’une équipe la galvanise. Toprak sera au centre de toutes les décisions prises par BMW pour 2024 et à partir d’aujourd’hui, ils doivent montrer qu’ils sont dignes de le compter parmi leurs pilotes. Dans le cas contraire, on se souviendra uniquement d’une affaire désastreuse de gros sous.

 

La pression à laquelle BMW — et Toprak — devra faire face sera énorme. Ils ont tous deux misé l’un sur l’autre. Si BMW gagne, Razgatlioglu était la pièce manquante du puzzle pour BMW, tandis que Toprak aura prouvé à quel point il est talentueux. C’est le scénario parfait. L’autre scénario est plus inquiétant. BMW est présent en WorldSBK depuis plus de dix ans et a remporté 13 victoires. Ils ont connu une période de près de huit ans sans victoire avant que Michael van der Mark ne gagne la Course Superpole dans des conditions humides en 2021, leur seule performance depuis qu’ils sont revenus en tant qu’équipe d’usine en 2019. Les quelques succès obtenus ne suffiront pas à satisfaire les exigences qui leur sont imposées aujourd’hui. 

 

LE TALENT EST LA CLÉ : Toprak peut-il reproduire son adaptation à Yamaha en 2020 et surmonter un plus grand déficit ?

 

Lorsque Toprak a signé chez Yamaha, les machines bleues étaient confrontées à des questions similaires. Elles avaient gagné des courses les années précédentes avec Alex Lowes et van der Mark, mais elles avaient besoin de passer à l’étape supérieure. Lorsque Razgatlioglu a signé, on s’est demandé si son style de pilotage pouvait s’adapter à la Yamaha R1. Tout s’est bien passé car la moto était compétitive et le talent de Toprak l’a emporté sur les difficultés. La BMW n’est pas aussi compétitive que la Yamaha à la veille de la saison 2020. Toprak doit maintenant montrer que son talent peut surmonter un déficit plus important.

Le talent ne suffit pas dans les sports mécaniques. Ceux qui entourent le pilote font une énorme différence. Toprak l’a constaté en travaillant avec Phil Marron à partir de 2019. Le duo a rencontré un succès incroyable parce que les deux s’appuient l’un sur l’autre. Lorsqu’un changement est opéré, tous deux sont convaincus que leur partenaire est capable de le faire fonctionner. Changer d’équipe pour un pilote n’apporte aucune garantie de changement pour l’équipe qui l’entoure. Lorsque nous saurons ce que l’avenir réserve aux proches de Razgatlioglu, nous aurons une idée plus précise des perspectives qui s’offrent à lui.

 

TOUT DROIT VERS 2024 : Une perspective passionnante, mais qui sera son coéquipier ?

 

L’argent a clairement joué un rôle dans cette décision et il serait ridicule de penser que Toprak a signé uniquement pour le défi qu’il aura à relever. Mais maintenant que la décision a été prise, il va devoir relever ce défi et faire avancer le projet. Il sera passionnant de voir comment il s’en sortira lorsque la WorldSBK s’alignera sur la grille de départ en Australie pour le premier Round.

 

Il sera également intéressant de voir qui sera aligné à ses côtés. On s’attend à ce que l’un des pilotes actuels BMW — Michael van der Mark et Scott Redding — reste en place, mais rien n’est acquis. Avant sa dernière blessure, van der Mark était le meilleur pilote BMW lors des premiers Rounds. Il doit maintenant remonter sur la moto et rappeler au constructeur qu’il est l’homme de la situation. Ayant été associé à Toprak chez Yamaha, nous savons qu’ils peuvent bien travailler ensemble.

 

Pour Redding, le défi est de prendre de la vitesse et de prouver à BMW qu’il peut être le pilote qui s’est battu pour les titres avec Ducati. Son franc-parler n’a pas fait beaucoup d’adeptes chez BMW, mais sa vitesse et son talent lui ont toujours ouvert des portes. Etant donné qu’il a eu des conflits avec Razgatlioglu dans le passé, BMW en tiendra-t-elle compte dans son choix ?

 

DERNIÈRE RÉFLEXION : Sykes de retour chez BMW à Misano

 

À Misano, van der Mark sera remplacé par Tom Sykes. L’Anglais a signé six podiums et deux pole positions pour BMW lorsqu’il pilotait pour cette équipe dans le passé. Il veut maintenant prouver que son expérience désastreuse sur la Kawasaki Puccetti cette année n’est pas le reflet de ce qu’il est réellement. Sykes a un tel talent de non-conformiste qu’il n’y a aucun moyen de savoir comment il se débrouillera à Misano. Il pourrait être en pole ou bien rester dans l’anonymat. Ni l’un ni l’autre ne surprendrait qui que ce soit, mais il cherchera certainement à prouver sa valeur. Tous les regards seront tournés vers BMW ce week-end et pour le reste de l’année. Les horloges de Munich vont compter jusqu’à l’arrivée de Toprak, ce qui signifie qu’ils doivent commencer à se préparer pour le succès.

 

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