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Joué d’avance ? L’Australie n’est que le premier rendez-vous

Thursday, 28 February 2019 11:39 GMT

Steve English, commentateur du WorldSBK, revient sur le Round d’ouverture à Phillip Island et partage son expertise de la catégorie.

Après un week-end marqué par les trois victoires d’Álvaro Bautista (Aruba.it Racing - Ducati), on pourrait penser que l’Espagnol continuera sur sa lancée lors des prochaines escales du calendrier. Mais dans le monde de la course, tout ne se passe pas toujours comme prévu !
 
Si l’on en croit les membres de l’équipe ayant travaillé avec lui par le passé, le pilote ibérique est réputé pour être brillant à Phillip Island, et il l’a de nouveau démontré en remportant les trois premières manches de la saison de main de maître. En regardant sa carrière de plus près, il n’y a pas de doute quant au fait que le circuit australien lui a toujours été favorable. À l’occasion de sa première année en Championnat du monde 125cc, Bautista y termine au pied du podium au terme d’une belle passe d’armes. C’est en 2006, l’année de son sacre, qu’il empoche la victoire. Il s’adjugera la deuxième place les deux années suivantes au guidon, cette fois, d’une 250cc avant de rejoindre le MotoGP™. Bautista se qualifie en première ligne avec Suzuki, mais part à la faute alors qu’il lutte parmi les trois premiers. Il concrétisera plus tard avec deux Tops 5 sur Honda, et un troisième en 2018 avec la Ducati officielle en remplacement de Jorge Lorenzo. Un palmarès plutôt complet sur l’île australienne.
 
Bautista a aussi l’avantage de l’inexpérience. Cela peut paraître étrange, mais en WorldSBK, cela s’explique. Traditionnellement, sur cette piste, il est important de gérer la course du début à la fin, en économisant ses pneus de crainte de réduire le rythme. Le représentant Ducati n’a ni la même expérience ni les mêmes automatismes que ses adversaires sur ce circuit et cela entraine des stratégies différentes.
 
Il est très peu probable qu’il s’impose avec 15 secondes d’avance en Thaïlande, mais la moto fonctionnera bien à Buriram. L’Espagnol avait d’ailleurs terminé huitième de l’étape thaïlandaise en MotoGP™ l’an dernier, en conservant parfaitement ses gommes. La question n’est pas tant de savoir comment Bautista a tant dominé, mais plutôt de comprendre pourquoi les autres pilotes Ducati ont autant souffert tout au long du week-end.
 
Il y a beaucoup de paramètres qui expliquent le cas de Chaz Davies (Aruba.it Racing - Ducati), mais le plus important est celui de son inexpérience. Bien que Bautista soit rookie, il connaissait les caractéristiques d’une Ducati V4 R. Ce n’est peut-être pas la MotoGP™ chaussée de pneus Michelin, à laquelle il était habitué, mais avec un changement aussi radical, l’apprentissage s’est avéré plus facile que pour Davies. Le Gallois a perdu beaucoup de temps durant les essais hivernaux à cause de la météo et des blessures. Il s’est donc rendu en Australie pour continuer de découvrir sa nouvelle monture. Bautista, lui, tentait déjà de trouver son set-up pour la course. Sans compter les autres changements dans le box de la firme de Borgo Panigale. Davies est accompagné d’un nouveau chef mécanicien et de nouveaux ingénieurs. Tout cela a joué un rôle dans les difficultés rencontrées ce week-end. Mais le baptême du feu étant désormais derrière lui, Davies devrait être plus rapide en Thaïlande. S’il ne l’est pas, il sera temps de s’inquiéter quant à ses chances cette saison. 
 
Bautista a réussi un coup de force magistral en Australie, et repart avec le maximum de points. C’est probablement la plus grande leçon à tirer de ce Round. Si vous avez l’avantage, alors il faut en profiter. Il y aura des courses où la Ducati sera la meilleure machine, d’autres qui seront plus favorables à la Kawasaki ou à la Yamaha, sans oublier la nouvelle BMW qui affiche un beau potentiel. Si vous disposez de la meilleure moto, vous prenez de l’avance au général sur vos adversaires. À l’inverse, si ce n’est pas le cas, il est impératif de limiter les dégâts, comme l’a montré Jonathan Rea (Kawasaki Racing Team) qui a terminé deuxième des trois manches.
 
L’Australie a-t-elle tout changé ou fera-t-elle seulement figure d’exception ? C’est la question à un million d’euros que se posent les 17 autres protagonistes. Lors des essais hivernaux, nous avons observé Rea au sommet de la hiérarchie, mais, le Champion du Monde doit désormais sortir les griffes. Après la course, il a confié ne pas avoir été suffisamment armé. Il lui faudra donc mettre les bouchées doubles en Thaïlande pour reprendre l’ascendant sur Bautista.
 
Comme tous les champions, le Nord-Irlandais ne manque pas d’assurance. Il sait qu’il peut gagner sur sa ZX10-RR tout comme il sait qu’il peut compter sur Pere Riba pour résoudre n’importe quel problème. Mais cette confiance peut-elle être ébranlée par les trois succès de Bautista ? Après quatre années de domination, il semble évident que Rea et Kawasaki retrouveront le chemin de la victoire... mais s’ils n’y parvenaient pas ?