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Guim Roda: «Nous avons progressé, mais la concurrence aussi »

Monday, 11 March 2019 11:04 GMT

Le Team Manager du KRT commente les performances de Rea, Haslam et du duo Bautista/Ducati en Australie.

Après une pré-saison au cours de laquelle Jonathan Rea (Kawasaki Racing Team) avait dominé pratiquement toutes les journées d’essais à bord de la version 2019 de la ZX-10 RR, l’arrivée du Championnat MOTUL FIM World Superbike en Australie a connu un premier rebondissement. La forte domination du rookie Álvaro Bautista (Aruba it. Racing - Ducati) à Phillip Island, d’abord lors des essais officiels puis lors de toutes les courses, a surpris les fans et une bonne partie du paddock. Comment l’équipe qui a survolé la hiérarchie ces dernières années répondra-t-elle au défi lancé par l’usine italienne et le pilote espagnol ?
 
WorldSBK.com a rencontré le directeur du KRT, Guim Roda, pour connaître son point de vue après la Round Yamaha Finance d’Australie.
 
Comment avez-vous analysé les résultats du Round d’Australie et la grande domination d’Álvaro Bautista dans la Course 1 et la Course 2 ?
 
« Tout d’abord, je suis un peu confus quant à la différence de performance entre Bautista et les autres pilotes Ducati. La combinaison formée à Phillip Island par Bautista, la nouvelle Ducati et le règlement de cette année, a bien fonctionné et cette saison sera beaucoup plus compétitive. Il vient du MotoGP™, où il a obtenu plusieurs cinquièmes places et de nombreux Tops 10. On voit bien qu’il est très fort et son adaptation a été rapide, du moins sur un tracé qu’il connaît. Nous devrons voir comment cela se passe sur d’autres circuits. Je crois aussi qu’à Phillip Island, le facteur pneumatique nous a fait un peu plus de mal qu’on l’avait imaginé, ce qui nous a empêchés d’être au niveau de Bautista. »
 
Pensez-vous qu’il y a eu des différences concrètes dans les performances des pneus entre certaines équipes ?
 
« Leur adhérence change en fonction du type de moto, du style de pilotage et du circuit. Nous savons que Phillip Island est une piste critique quant à l’usure des pneus, on exige beaucoup plus d’eux et ils souffrent donc plus que nécessaire. Dans le cas de Johnny, pour aller vite, il a dû utiliser trop de grip et des cloques sont alors apparues sur le pneu, avec le risque de ne pas finir la course. La Ducati est plus souple, elle développe plus de puissance, mais celle-ci est moins exigeante, et avec le type de moteur dont elle dispose et les compétences de Bautista, la différence était plus qu’évidente. Johnny a roulé plus lentement pour finir deuxième. C’est quelque chose que nous savions, et nous ne pouvions pas faire mieux. »
 
La course Tissot-Superpole, beaucoup plus courte, a été une tout autre histoire....
 
« Oui, avec seulement dix tours, le rythme de Johnny était beaucoup plus rapide et nous avons assisté à une course légèrement différente, plus proche de la réalité de ce qu’auraient dû être la Course 1 et la Course 2, si nous n’avions pas fait face à ce problème de pneus. D’un autre côté, les pneus d’Haslam ont duré plus longtemps à son meilleur rythme, il a vraiment fait du bon travail. Considérant que c’était la première course, terminer devant les autres pilotes de la catégorie, à l’exception de Bautista et de Rea est un résultat très satisfaisant et prouve qu’il a un très bon niveau. »
 
La première manche de la saison nous a déjà offert les premiers duels entre Rea et Haslam, surtout dans la Course 2, où ils ont livré une passe d’armes intense. Il semble clair qu’il n’est pas de retour pour prétendre au statut de dauphin…
 
« La volonté d’Haslam au sein du KRT est de faire de son mieux, et d’essayer de gagner. Il est très motivé et nous le soutenons. Mais ce qu’il faut comprendre aussi, c’est qu’il n’est pas Superman : revenir en WorldSBK et battre tout le monde, c’est compliqué. Je ne dis pas que c’est impossible, mais c’est très difficile. Il ne faut donc pas perdre de vue l’objectif qui est de s’améliorer à chaque course et d’augmenter le rythme. Durant la première course, nous avons commis une erreur que nous aurions pu éviter. Parfois, à trop vouloir gagner, on perd 16 ou 20 points qui peuvent être très précieux. Il ne serait pas juste de penser qu’Haslam puisse remporter le Championnat du Monde dès sa première année, mais avec sa volonté et son enthousiasme, il nous surprendra encore. Notre but, dans un premier temps, est qu’il apprenne les limites de la moto et finisse régulièrement dans le Top 5 et, pour la seconde moitié de la saison, le voir se battre pour le podium. »
 
Comment allez-vous affronter les prochaines manches du Championnat, à commencer par la Thaïlande où la chaleur et les températures élevées ont également tendance à jouer un rôle important ?
 
« Après ce que nous avons observé en Australie, l’idée est d’essayer de comprendre les performances de Ducati avec cette nouvelle machine. Voir si c’est Bautista qui fait la différence, ou si les autres parviennent à progresser. Nous devons repérer quels sont les points faibles de la moto, ou même ceux du pilote, sur les différents circuits. De notre côté, nous pensons que le package dont nous disposons est plus compétitif, Johnny est plus fort que jamais, donc il faut continuer à travailler et à marquer des points. Nous sommes satisfaits du travail que Johnny a fourni en Australie, il était très professionnel, très confiant et a bien contrôlé la situation pour ramener le maximum de points. Il faut garder à l’esprit qu’il reste beaucoup de courses et que la saison est très longue. »
 
Les courses australiennes ont-elles ébranlé d’une manière ou d’une autre la confiance dans la ZX-10RRR après une pré-saison quasi parfaite ?
 
« Je crois que l’amélioration de nos performances par rapport à l’année dernière est réelle. Nous avons fait un pas en avant, mais il est clair que la concurrence aussi. Il faudra analyser les possibilités de nos adversaires circuit par circuit pour savoir sur quels points nous devons nous perfectionner. Nous devons voir si nos progrès sont suffisants pour tenir tête à Ducati et aux autres, et à partir de là continuer à travailler. Je pense qu’après Assen nous aurons beaucoup plus d’informations, nous saurons où nous en sommes et comment le nouveau règlement nous affecte. À partir de là, nous verrons comment aborder la deuxième partie de la saison. »
 
Le deuxième rendez-vous de la saison se tiendra du 15 au 17 mars 2019. Ne manquez rien du Round Pirelli de Thaïlande avec le VidéoPass WorldSBK.