News

Voici qui je suis, et voici ce que je pense : Xavi Forés

Friday, 5 October 2018 07:09 GMT

Le natif de Valence évoque avec nous sa situation personnelle et professionnelle.

C'est la 11e manche du championnat à Magny-Cours. Nous nous asseyons avec Xavi Forés (Barni Racing Team) dimanche matin, le lendemain de son podium et juste avant de remonter sur sa Panigale R en vue de la Course 2. Dans le motorhome du Barni Racing Team – là où évolue Forés depuis désormais trois saisons – ses parents sont en train de regarder la course de STK1000. L'Espagnol est tout heureux de les avoir près de lui : Forés est attaché à sa famille, quelque chose dont on se rend vite compte au cours de l'entretien qu'il a accordé à WorldSBK.com.

Un podium comme celui-là doit faire oublier quelques autres moments plus déplaisants, c'est clair. Cela a été une saison vraiment positive, et bien qu'il y ait eu quelques embuches au cours de celle-ci, je qualifierai notre saison de très bonne. Cette troisième place en France montre tout le travail que nous avons effectué durant l'année.

Parfois, je me surprends moi-même. Comme hier [le samedi 29 septembre], où je ne m'attendais pas à avoir ce rythme. Je savais que je pouvais être fort, mais je ne m'attendais pas à piloter en 1'37 sur la moitié de la course. J'étais encore tout excité en revoyant la course dans ma chambre d'hôtel !

J'ai fêté mes 33 ans au Portugal, mais je n'ai pas eu de podium en cadeau. Tout ce à quoi j'ai eu droit, ce sont des points de suture à mon coude, qui sont d'ailleurs toujours là [Forés a chuté au départ de la Course 1 à Portimão].

Chuter dans le premier virage d'une course... ce n'est pas l'idéal. Vous gâchez tout le travail effectué durant le week-end. Aucun de nous ne méritait cette chute. J'ai quitté cette course en étant très frustré, car j'étais dans le rythme du groupe de tête, et je n'ai pas été en mesure de le prouver. J'étais très motivé avant de venir ici [à Magny-Cours], et ce podium confirme en quelque sorte le bon travail que nous avons fait à Portimão.

À Portimão, j'y suis allé trop fort et j'ai emmené Laverty avec moi dans ma chute. C'était une grossière erreur, quelque chose qui ne devrait pas arriver car au final on risque nos vies ici. Nous devons garder conscience qu'il doit y avoir des limites. Je pense que de nos jours, la plupart d'entre nous réalise et respecte cela. Ce n'est pas comme avant, lorsque les pilotes prenaient la piste pour montrer à quel point ils étaient plus braves que les autres.

Oui, je sais que Schwantz avait l'habitude de dire : « J’attends jusqu’à ce que je vois Dieu, et ensuite je freine ». Pour moi, c’est quand je vois les lumières [rires].

J’ai passé plus de temps dans ma vie à courir qu’à faire autre chose. J’ai commencé très jeune, j’avais cinq ans quand on m’a offert ma première moto. C’était de la part de mon père et de mon oncle, qui allait d’ailleurs plus tard mourir dans un accident de moto. Il avait une usine, ils faisaient des cuirs pour les pilotes et ils étaient même présents dans le Championnat du Monde, avec Aspar et d’autres pilotes. Ils m’ont fourni ma première moto. Tout cela a commencé comme un hobby, mais ensuite vous creusez un peu, vous faites plus de choses... et voilà où nous en sommes.

Pour être un pilote vous devez être né pour ça. Cela doit venir naturellement. Vous ne pouvez pas forcer les choses. J’ai toujours dit que chacun a un don pour quelque chose. Il vous faut trouver votre voie, ça fait partie du jeu.

Beaucoup de gens, vu de l’extérieur, pensent que si vous êtes pilote moto, c’est bon, votre vie est figée une fois descendu de la moto, et ce n’est pas vrai. Cela ne concerne qu’un groupe très restreint de personnes dans le monde des sports mécaniques. Dans le même temps, nous sommes vraiment chanceux car nous faisons ce que nous aimons.

Si vous êtes un personnage public, à n’importe quelle échelle, vous êtes voué à la critique, et il faut être prêt pour cela. Certaines personnes pensent que nous avons ceci et cela, que nous sommes des superstars – c’est un cliché, et c’est aussi très faux.

Je suis le genre de gars qui adore se sentir à la maison. Bien sûr, j'aime sortir avec des amis et avec les gens que j'apprécie, mais quand je suis sur les circuits, j'aime simplement être avec mes parents, ma femme, et quand on court en Espagne, avec ma sœur et ses enfants aussi. J'aime me détendre avec mes proches. Et j'aimerais aussi fonder ma propre famille dans un avenir proche, j'adore les enfants, j'aime jouer avec eux et prendre soin d'eux.

Je me sens solide, mentalement, car je n'ai jamais cessé de croire en moi ou en mon travail, ni en celui de l'équipe. Lors de nos pires courses, nous avons discuté et essayé de voir où commençaient nos problèmes. Je me sus donné à 110% lors de chaque course, tant les mauvaises que les bonnes. Inconsciemment, ça vous rend plus fort. C'est la clé pour terminer sur le podium. Nous sommes les seuls indépendants à avoir signé quatre podiums cette saison.

Il y a des hauts et des bas quand on est pilote. Cela implique énormément d'émotions, des montées d'adrénaline… On ne peut pas réaliser la quantité de sensations expérimentées sur une moto avec une simple caméra embarquée, c'est une chose que seul un pilote peut comprendre, et c'est génial.

On manque aussi des choses, avec la famille et les amis. Il y a moins de temps pour les deux car on voyage toute l'année, mais c'est une chose que nous intériorisons dès le départ car nous aimons ce que nous faisons. Et c'est aussi positif, nous avons la chance de pouvoir voyager autour du monde en faisant ce qu'on aime le plus au monde. J'espère donc continuer pendant de nombreuses années…

J'ai plus de cicatrices que de tatouages. J'ai un tatouage sur mon bras et un autre sur mon mollet gauche, que j'ai fait lorsque mon ami Dani Rivas est décédé. Mais mon nombre de cicatrices continue d'augmenter, j'en ai 'récolté' quelques-unes depuis que j'ai rejoint Barni. J'ai deux cicatrices sur mon coude, j'ai un trou dans la main, un autre dans le genou, je me suis percé un doigt en Thaïlande… Ah, j'ai aussi une marque de brûlure sur mon triceps, qui date du jour où ma moto a pris feu sur le MotorLand Aragón. C'est un recueil maintenant, et à l'avenir je pourrai raconter leurs histoires à mes enfants.

Revivez les meilleurs moments de la saison de l'Espagnol grâce au WorldSBK VideoPass.