News

Foret : « Rea est perfectionniste et talentueux »

Monday, 4 December 2017 10:50 GMT

Fabien Foret accompagne Jonathan Rea depuis plusieurs saisons en tant que coach pilote, mais pas seulement…

Champion WorldSSP 2002, Fabien Foret est toujours présent dans le paddock du Championnat MOTUL FIM World Superbike en tant que coach de Jonathan Rea (Kawasaki Racing Team). Même si le triple Champion du Monde domine avec une facilité pour le moins déconcertante, derrière lui Fabien Foret l’accompagne aussi bien en bord de piste pour analyser son style de pilotage que sur le plan psychologique qui, selon le natif d’Angoulême, occupe une place importante, si ce n’est plus.
 
Dans le cadre d’une entrevue accordée à WorldSBK.com, Fabien Foret dévoile les coulisses de la troisième couronne du pilote Kawasaki Racing Team.
 
Fabien, tu as terminé ta carrière WorldSBK en 2014 pour rejoindre le Championnat du Monde d’Endurance, mais tu es depuis le coach de Jonathan Rea. Comment en es-tu arrivé là ?
« J’ai effectivement encore un pied dans la compétition en endurance avec Kawasaki, mais aujourd’hui, mon rôle de coach me prend beaucoup plus de temps. C’est un concours de circonstances qui m’a mené à cela. Je connais très bien Johnny, car nous avons été coéquipiers par le passé, bien que nous n’étions pas dans la même catégorie. Nous nous sommes beaucoup côtoyés. De même, sa femme et ma fiancée sont toutes les deux Australiennes. Nous avons même passé un hiver en Australie dans le même appartement. Nous avons donc appris à bien nous connaître. Lorsqu’il a ressenti le besoin d’avoir quelqu’un, aussi bien en bord de piste que sur le plan psychologique, il a très logiquement fait appel à moi. »
 
Avait-il réellement besoin d’un coach ?
« Il sait ce qu’il désire et il veut se donner toutes les chances d’y parvenir. C’est quelqu’un de perfectionniste et de très déterminé. À sa décharge, il connaît mon caractère et la manière dont je travaille. Nous avons essayé et ça a tout de suite fonctionné. Je pense que nous sommes complémentaires, je sais ce qu’il a besoin d’entendre, mais aussi de ne pas entendre. Pour le moment, tout se passe bien. »
 
Le rôle de coach n’est donc pas exclusivement consacré à l’analyse du style de pilotage ?
« L’aspect psychologique est crucial, en particulier dans la moto. En tant que pilotes, nous sommes toujours dans le doute de savoir ce qu’on vaut par rapport à ses adversaires. Mon rôle est sur le plan psychologique au moins aussi important que celui que je tiens quand je suis en bord de piste. Je dois être là pour lui assurer d’être parmi les meilleurs en évitant qu’il se pose trop de questions inutiles. »
 
En quelques mots, quelles sont ses qualités ?
« Physiquement, il est prêt. Il est à la fois déterminé et extrêmement professionnel. C’est également un pilote très talentueux. »
 
Alors que tout semble facile, y a-t-il malgré tout des points sur lesquels vous devez encore travailler ?
« Selon moi, même si ce n’est pas véritablement une faiblesse, il y a parfois, comme dans tous les sports, des moments de doutes. Je dois donc me tenir prêt à le conforter dans des décisions d’ordre techniques, mais aussi avant une course ou simplement dans sa manière de se positionner par rapport à la concurrence. Je dois m’assurer qu’il ait toujours confiance en lui. »
 
Quel était son état d’esprit avant le coup d’envoi de l’épreuve à Magny-Cours ? Et en quoi l’as-tu aidé ?
« Le jeudi, nous avons pour habitude de nous préparer en bouclant un tour du circuit. En ce qui me concerne, le vendredi est la journée la plus importante, car ce sont les deux séances les plus longues qui peuvent avoir un impact sur le déroulement de la manche. Durant la session d’ouverture, j’analyse tous les détails que nous pouvons peaufiner ou changer. Ensuite, je l’accompagne dans sa mise en confiance. Il en avait peut-être un peu moins besoin à Magny-Cours, car il s’est senti immédiatement à l’aise. »
 
Après l’avoir mené jusqu’au titre, envisages-tu de suivre d’autres pilotes ?
« Cette année, j’ai travaillé aux côtés des Randy Krummenacher. Il s’agissait d’un travail assez différent avec d’autres attentes axées en particulier sur la technique et sur le pilotage d’une Superbike. Johnny est pleinement d’accord sur le fait que j’accompagne d’autres pilotes tant que ceux-ci n’entrent pas en concurrence directe avec lui. Cela paraît simple, notamment avec Johnny, de gagner des courses et de dominer comme il l’a fait à de nombreuses reprises... mais quand tu connais bien le sujet, ce n’est pas aussi évident. Il y a beaucoup d’anciens pilotes qui essaient et qui n’y parviennent pas. Cela prend du temps, de l’énergie et j’ai besoin d’être présent à tous les débriefings. C’est compliqué de travailler avec d’autres pilotes tout en assurant un certain niveau de qualité pour chacun d’eux. Si je suis là, c’est grâce à Johnny d’une certaine manière, donc je veux rester dans le qualitatif et j’espère l’accompagner jusqu’au bout de sa carrière, s’il le souhaite. »
 
Jonathan a disputé quelques courses d’endurance, avez-vous pensé à être coéquipiers ?
« Le Bol d’Or a été ma dernière épreuve. Nous avons connu un problème en début de course et je termine malheureusement ma carrière sur une note amère. Même si nous y avons pensé, lorsqu’il décidera de revenir en endurance, je serai très certainement à ses côtés, mais pas comme pilote… »